Vous avez dit Soulages ?
- gobbepsy
- 1 sept. 2024
- 2 min de lecture
Soulages… quel joli mot !
Question récurrente. L’analyse, ça soulage ?
Visite estivale à Rodez, au musée Soulages[1].
Curieuses choses, que ces grandes toiles noires. Pierre Soulages a nommé cela l’outre-noir, une couleur au-delà du noir.
Après s’être essayé à la peinture figurative, il se prend de passion pour les arbres noirs dans la neige. Puis ce sont les branchages qui le fascinent.
Les formes disparaissent peu à peu pour ne laisser apparaître que les mouvements du pinceau, le geste du dépôt du noir sur la toile. Soulages ne se donne alors qu’une seule règle : ne pas savoir où il va, ne s’engager dans aucun projet de figuration ou de forme, « sans plan », « sans intention particulière », simplement poser du noir sur les toiles, « à l’affut de l’accident »[2].
Une nuit, devant une toile qu’il réalise, il est pris d’une angoisse, d’un sentiment d’étrangeté, il se sent « en pleine débâcle »[2]. Où donc tout cela peut-il bien le mener ?
Il renonce et va se coucher. Le lendemain, il découvre les reflets de la lumière sur le noir du tableau. Il avait trouvé ! La lumière issue de l’obscur, relief sur le noir permettant de faire surgir un motif clair.
Est-ce que ça Soulages ?
C’est une belle image de l’expérience analytique, me semble-t-il. Poser du noir, le dire, parfois l’écrire, sans savoir réellement où cela va mener jusqu’à ce qu’on trouve… un nouveau support à la lumière. Et lorsque l’on va visiter le musée Soulages, ça tombe sous le coup de l’évidence : il y a de la lumière qui rayonne dans les tableaux noirs de Soulages !
Une évidence ? Encore fallait-il qu’il ose s’y confronter, à ce noir.
[2] « Mort de Pierre Soulages : comment faire de l'art avec du noir », https://youtu.be/1flmPuc-kEg?si=avuV2JkSCjHvE4nU .
