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Blanche-Neige racontée à ma petite fille

  • gobbepsy
  • 5 oct. 2024
  • 6 min de lecture

Les contes pour enfants… On croit souvent qu’ils ne racontent qu’une seule histoire. En réalité, on peut les lire d’une multitude de façons et de la sorte, on peut les réécrire à sa guise. Que veut-on lire dans une histoire – ou dans notre histoire ? Ce sont toutes les histoires que l’on peut en raconter.

Celle de Blanche-Neige, tout le monde la connaît et si vous avez besoin d’un rappel, vous en trouverez une version ici. Mais si je devais la raconter à ma petite fille, je ferais peut-être autrement… enfin, c’est une proposition d’interprétation. Chacun peut proposer la sienne.

 

Blanche-Neige

C’est l’histoire d’une jeune femme, elle est belle comme un charme mais elle est un peu larguée, même très larguée, au point de se glisser dans le lit du premier nabot venu. Là, elle tombe sur sept nabots, et franchement, avec leur barbichette et leur pantacourt, il n’y en a pas un pour racheter l’autre. Toujours est-il qu’elle le paie cher, leur lit douillet : elle fait la bouffe, le ménage, les lessives, le repassage. Au début, elle croit que c’est le paradis mais à vrai dire, c’est pas la vie rêvée pour une aussi jolie jeune femme, enfermée dans un coin de forêt, paumée à attendre toute la journée qu’ils rentrent du boulot pour avoir un peu d’animation dans la vie.

Alors il y a une sorcière qui se pointe. On croit que c’est une sorcière, mais en fait, que fait-elle, la vieille avec son nez crochu ? Elle lui met sous le nez ce qui donnerait un peu de jus à sa vie : le fruit défendu, c’est-à-dire une belle pomme juteuse. Et quand la vieille lui met cette pomme sous les narines, comme de bien entendu, comme la jeunette est incroyablement naïve, elle croque dedans et tombe dans les vapes… On croit communément que la vieille est une peste, ce qui est peut-être vrai, mais en réalité, elle met un terme à cette mascarade, ce qui n’est pas si mal, finalement. Alors la belle Blanche-Neige, cette pomme, elle lui reste en travers de la gorge au point d’en faire un malaise vagal : elle tombe dans les pommes, comme on dit. Là, je crois qu’elle fait un rêve où elle ferait autre chose de sa vie que de laver les chaussettes, faire le ménager, préparer le dîner.

Là-dessus, il y a un beau type qui arrive, beau comme un prince, autre chose que les nabots, et qui, depuis des années, attend de rencontrer une belle jeune femme. Quand il la voit, endormie – on croit qu’elle est morte –, il se dit : ça, c’est une nana pour moi. Donc il la fait transporter par des chevaux qui la remuent un peu, la mignonette, ce qui la sort du coma. Ah, enfin ! La pomme qui s’était coincée se décoince. Elle se réveille, décidée à ne plus laver les chaussettes de vieux barbus mal lunés – ni celles d’un prince, d’ailleurs ! Et, là, quand elle voit le beau brun, elle tombe sous le charme.

Finalement, la sorcière qu’on pensait si mauvaise, lui a rendu un bien grand service. Certains disent que c’était une vieille peste, mais ça, c’est une autre histoire.

 

La reine devenue sorcière

Son histoire, à elle, c’est l’histoire d’une femme, assez canon, il faut l’avouer, mais elle rêve d’être la plus belle. Elle rencontre un roi veuf, certaine d’avoir déniché un bon parti, elle qui rêve d’être la première dame. Malheureusement pour elle, il y en a eu une autre, avant, qui est morte, et qui a enfanté une demoiselle qui a la beauté et la jeunesse d’un ange : c’est Blanche-Neige.

La femme épouse le roi, qui, lui, ne se sort pas de sa tristesse. Est-elle folle, cette femme ? L’histoire nous dit qu’elle parle avec son miroir. En réalité, il n’y a guère que les fous, les psychanalystes et cette femme pour croire que les miroirs, ça parle. Et quotidiennement, elle le questionne : dis-moi que je suis la plus belle !

Non seulement un miroir, ça parle, mais ça ne sait pas mentir : quand tu le regardes et que tu as un bouton sur le nez, ton miroir, il ne peut pas t’empêcher de te le montrer. Il dit la vérité. Et immanquablement, il répond à la dame : certes, tu es très belle, mais d’ici à dire que tu es la plus belle, ce serait mentir, surtout que la fille de ton roi, elle est un cran au-dessus !

Pourquoi fallait-il qu’elle lui pose la question ? Toute vérité n’est pas bonne à savoir ! Elle aurait pu déjà se réjouir de ce qu’elle avait. Mais non, il fallait qu’elle soit la première dame. Le trop est l’ennemi du bien, comme on dit, et ça la met dans une rage folle, au point de chasser Blanche-Neige du royaume. Du coup, le roi est encore plus plongé dans sa tristesse. Il ne regarde plus du tout sa seconde épouse, trop occupé à pleurer sur la disparition de sa fille. Alors la dame reste encore plus rivée devant son miroir, ça devient obsessionnel, « Dis-moi que je suis la plus belle ! » Mais à chaque fois, le miroir lui balance la vérité en pleine face. Non, Blanche-Neige est plus canon que toi !

La fureur s’empare de la femme qui se transforme en vieille sorcière démoniaque. Elle décide d’aller donner une leçon à la gamine, en espérant s’en débarrasser, une fois pour toute. Mais c’est tout le contraire, elle lui permet, malgré elle, de rencontrer un jeune prince, beau garçon, attentionné, qui lui parle, qui la regarde, qui n’en a rien à faire qu’elle lui lave ou non ses chaussettes – d’ailleurs, depuis le temps qu’il l’attendait, il a appris à se les laver tout seul, ses chaussettes. Reste à savoir pourquoi cette femme est devenue aussi haineuse au point de devenir une vieille sorcière, elle qui était si belle et qui avait tant de choses pour elle !

 

Le roi

Il y a des choses dans la vie qu’on ne choisit pas. On peut être roi, avoir une femme géniale, une fille belle, intelligente, et puis le mauvais sort nous tombe dessus. La femme du roi meurt. Alors que fait le roi ?

Il aurait pu se dire : j’ai une fille, je vais l’accompagner, soutenir sa peine, l’aider à ce qu’elle retrouve de la joie, elle qui n’a plus de mère. Mais non, il pleure sur son sort, effondré, accablé, il ne s’en remet pas, au point de succomber à la première qui lui fait des avances. Il s’accroche à elle sans s’en méfier, lui qui est resté enfermé dans sa tristesse. Il pleure tellement qu’il ne la regarde même pas, ne voit même pas qu’il pourrait reconstruire un vrai amour avec elle.

Alors enfermée dans un château, elle qui croyait y trouver le bonheur, cette deuxième femme se console en s’admirant des heures durant dans son miroir, et là, elle commence à se faire des films, des mauvais films, seule devant sa glace, à en vouloir à la terre entière, et notamment à lBlanche-Neige. Pendant que le roi pleurniche, sa seconde femme devient haineuse, chasse sa fille du royaume. Plutôt que de réagir, de remuer ciel et terre pour retrouver sa fille, un peu larguée il faut le dire, plutôt de montrer qui il est - c'est le roi, tout de même -, il pleurniche, toujours. Et sa femme devient une peste, une sorcière, qui va vouloir régler ses comptes à la demoiselle. Si seulement il avait levé les yeux de son nombril…

 

L’histoire n’est pas si triste

Tels sont souvent les humains, y compris les nains, car, il ne faut pas se voiler la face, s’ils avaient pu garder Blanche-Neige dans leur lit, s’ils avaient pu la garder avec tous les bons sentiments qu'on leur prête, avec leur tête de nain de jardin, s’ils avaient pu en faire leur bonniche, une fois pour toute, il n’y a pas d’autre mot, ils n’auraient pas hésité !

Mais c’est là la magie de la vie : cette histoire, qui aurait pu finir en drame général, finit plutôt bien. Pourquoi ?

Parce qu’on voit que la haine ne mène à rien ! Chacun de nous peut en éprouver, mais si on n’en sort pas, on devient moche, comme la sorcière. À l’inverse, le Prince et Blanche-Neige ont envie de vivre, certes un peu naïfs parfois, mais Blanche-Neige ose croquer dans un fruit défendu et le Prince ne lâche pas comme ça celle qu’il trouve à son goût, il s’accroche, ne se résigne pas. Et c’est ce qui les sauve, les deux tourtereaux. Oser et s’accrocher.

Quant aux nains, je m’interroge toujours sur eux. Peut-être sont-ils heureux comme ils sont, ce qui est leur droit, après tout. On a le droit de ne pas vivre comme les autres. Et s’ils veulent trouver, à leur tour, une âme sœur, ils n’ont qu’à raser leur barbe et jeter leur pantacourt ! Rien ne les en empêche, à moins qu'ils n'en aient aucune envie !

 
 

09 77 85 86 17 - 06 43 17 93 74 

Christophe Gobbé

Cabinet de psychanalyse

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