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Le psy, le prêtre et le juge

  • gobbepsy
  • 21 sept. 2024
  • 2 min de lecture

Le 15 mai 2021, à la sortie du COVID, Jacques-Alain Miller faisait une conférence en visioconférence destinée aux psychanalystes russes sur le thème « L’écoute avec et sans interprétation »[1]. Une intervention claire et compréhensible qui lève (un peu) le voile sur ce que sont le travail et l’expérience analytiques.

De cette intervention, je retiens la deuxième partie sur "l’écoute" et qui renvoie à bien des commentaires que l’on peut entendre sur la psychanalyse. Ils m’ont renvoyé à deux moments comme disent les ethnographes, deux interactions, l’une dont j’ai été le témoin, l’autre étant une remarque qui me fut adressée.

Le premier moment, c’était lors d’une querelle qui opposait deux personnes que je connais. La première affirma à la seconde qu’elle était tourmentée et qu’il fallait qu’elle se fasse aider. Ce à quoi la seconde répondit, non sans ironie, qu’il ne fallait pas se soucier de ses tourments : « J’en parlerai à mon confesseur ! »

Le second moment eut lieu lors d’une de mes discussions enflammées avec l’un de mes proches qui m’affirmait : « Vous, les psys, vous êtes des juges et votre boulot, c’est de remettre les gens au pas!» Ce à quoi j’aurais peut-être dû répondre qu’il avait raison, il s’agit bien de remettre des gens « au pas »… tout dépend comment on l’entend.

 

Le psychanalyste est-il un prêtre qui accueille ses patients pour lespunir puis les laver de leurs péchés ? OU est-il un juge qui doit rappeler la loi à ses patients et éventuellement les remettre dans le droit chemin ? Est-il un orthopédiste de l’âme ?

Jacques Lacan, dans le Séminaire XI[2], s’oppose farouchement à une approche orthopédique de la psychanalyse, position qui lui vaudra d’être mis au banc de la psychanalyse internationale.

Dans son intervention du 15 mai 2021, Miller insiste sur ce point :

« Il y a quelque chose dans la psychanalyse de l'absolution parce que, du seul fait que vous recevez quelqu'un pour l'écouter, vous ne le rejetez pas, vous l'acceptez. Donc, d'une certaine façon, il est déjà pardonné, c'est déjà dire : “quoi que tu aies fait, je t'admets tout de même dans ma compagnie, et je vais t'écouter”. Et ça produit un soulagement chez le sujet. On le voit très bien dans le cas des homosexuels qui n'osent pas se déclarer à la société, ou à leur famille, et qui sont rongés de culpabilité. Déjà venir chez un analyste, et voir que l'analyse ne les rejette pas ou ne leur dit pas “je vais te guérir de ton homosexualité, je vais te faire passer le goût de ta jouissance”, pour le jeune gay en difficulté, c'est comme être réinscrit, pris dans l'humanité. C'est comme lui dire qu'il y a dans le monde plus de choses que les normes traditionnelles et là, l'entrée en analyse, par elle-même, est une libération. »


Une intervention donc à (ré)écouter, rappelant que le divan ou le fauteuil du psy n’est ni un confessionnal, ni un tribunal.


[2] Jacques Lacan, Séminaire XI : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (1964), Paris, Seuil, coll. « Champ freudien », 1973. Texte établi par J.-A. Miller.

 
 

09 77 85 86 17 - 06 43 17 93 74 

Christophe Gobbé

Cabinet de psychanalyse

84 boulevard François Mitterrand

63000 CLERMONT FERRAND

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