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"Céder n'est pas consentir"

  • gobbepsy
  • 30 oct. 2023
  • 2 min de lecture

Un livre remarquable de Clotilde Leguil, qui ne s'adresse pas qu'aux femmes, bien entendu !

Quelques morceaux choisis :


"L'énigme du consentement, dans le champ de l'amour et de la sexualité, ne peut alors se déchiffrer que si l'on prend au sérieux cet aphorisme : «céder n'est pas consentir». Il est nécessaire de faire une distinction entre ce qui relève du consentement, de son ambiguïté, de sa beauté, et ce qui relève de la rencontre avec un forçage dans le corps. «Céder n'est pas consentir» en effet, et pourtant «céder» et «consentir» semblent très proches dans la langue française. C'est cette frontière que j'explore, la nécessité de cette frontière. L'abolition de la frontière entre «céder» et «consentir» conduit à un danger : ne plus reconnaître le traumatisme sexuel, et même le traumatisme psychique, ne plus avoir les moyens de discerner entre ce qui relève d'un «oui» - même discret, timide, pudique, inavoué et secret - et ce qui relève de la rencontre avec une violence exercée à l'endroit d'un être." (p. 39)


"Pour creuser la distinction entre «céder» et «consentir», je poserai un troisième verbe, à la forme passive : «se laisser faire». Afin d'explorer cette frontière, mince mais réelle, entre «céder» et «consentir», je me servirai du «se laisser faire» comme passerelle. Peut-être que c'est au cœur de cette expérience étrange où je me laisse faire que se situe la possibilité même du point de bascule. «Me laisser faire», par l'autre, peut me conduire du côté d'un doux «laisser aller», comme du côté d'un «se laisser abuser » par l'autre. Dans le traumatisme sexuel et psychique, il y a en effet la dimension du «se laisser faire» qui entre en jeu et qui vient aussi semer le trouble. Car l'espace d'un instant, quelque chose comme une passivité du sujet a permis l'abus.

Pourquoi me suis-je laissé faire ? Car qui se laisse faire, aurait pu quelquefois, lorsqu'il ne s'est pas agi d'une pure soumission à la force physique, ne pas se laisser faire, répondre, résister, s'enfuir." (p. 65)


"Cette plongée aux racines du consentement nous montre qu'à l'origine de toute culpabilité et de tout traumatisme sexuel et psychique, il y a une expérience du « se laisser faire » qui revient au sujet comme une énigme. […] Il y a toujours un «au nom de» qui fait consentir et fermer les yeux. Il y a toujours un «au nom de» qui pousse à se laisser faire. Il y a toujours un «au nom de» qui invite à la démission de soi-même […].

Mais c’est toujours «au nom de» que le sujet peut un jour se réveiller et enfin désobéir à la soumission qu’il s’est imposée." (p. 201)


Clotilde Leguil, Céder n’est pas consentir : Une approche clinique et politique du consentement, Paris, PUF, 2021, 224p.

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